Europe Centrale
L’arc Carpatique
Depuis 2014, FW-EFCE qui s'était engagé pour répondre à une demande croissante en matière de gestion forestière, s'est heurté, tout au long de cet exercice, à des exploitations illégales incessantes au point de décider, avant même l'invasion du pays voisin, de mettre un terme à nos activités.
Plus grande forêt ininterrompue d'Europe
L'arc Carpatique est composé de forêts prestigieuses, au potentiel extraordinaire, peuplées d'une faune incroyablement riche, dont quelques-unes, que je classe parmi les plus belles que j'ai jamais visitées, resteront toujours gravées dans mon esprit.
L’Europe Centrale est une zone forestière réputée pour la qualité de ses forêts mixtes où le hêtre, trouvant des sols frais et calcaires à sa convenance, règne souvent en maître des lieux; à ses côtés, les résineux et les bois divers sont également bien représentés.
Le massif des Carpates, second massif montagneux d’Europe, s’étire sur 8 pays d’Europe Centrale et couvre 209000 km² dont 53% en Roumanie. Quoi que d’altitude moyenne, l’arc carpatique abrite la plus grande forêt ininterrompue d’Europe, véritable mosaïque de milieux différents: forêts anciennes inexploitables et inexploitées, forêts sous régime d’exploitation, forêts de régénération et taillis, pâturages.
Dans ces paysages grandioses où la transhumance traditionnelle de chevaux et de moutons est une activité permanente, vit la plus importante population européenne de prédateurs : ours bruns, lynx, loups, chats sauvages et près de la moitié de la population européenne d’aigles royaux.
Au total, plus de 1500 espèces animales vivent ici à l’état sauvage, dont des bisons, cervidés, sangliers, chamois, élans, marmottes, et nombreux autres mammifères, oiseaux dont le grand tétra, poissons, batraciens, insectes, reptiles ainsi que des mollusques.
Les Carpates roumaines qui culminent à 2544 m abritent encore près de 400 000 ha de forêts primaires comptant parmi les dernières d’Europe, lesquelles, nichées en altitude, protégées par des pentes abruptes quasi inaccessibles ont ainsi pu échapper à l’appétit humain. On y trouve des arbres exceptionnellement âgés et dimensionnés, et dont la qualité s’avère tout aussi remarquable.
A flanc des mêmes massifs, en-deçà de ces sanctuaires protégés sous forme de réserves ou parcs naturels, croissent d’autres forêts, de même veine, mais où l’activité humaine s’est manifestée, le plus souvent sous forme de coupes d’assainissement.
Au cours de la période 1945-1989, la Roumanie étant tombée sous régime politique totalitaire, l’Etat, ayant abusivement nationalisé toutes les forêts appartenant aux personnes physiques et morales, était devenu le seul propriétaire des surfaces boisées.
La Révolution de 1989 a mis fin à la dictature et favorisé un rétablissement de la Démocratie dès le début 1990.
La loi adoptée a dès lors tenté de réparer les injustices du système totalitaire en acceptant de retransférer aux propriétaires de droit les forêts privées d'une superficie totale estimée à 6 400 000 ha, un peu moins de 50% de la surface forestière du pays.
Une procédure, longue, fastidieuse et surtout onéreuse, impliquant des coûts d'expertise que les propriétaires actuels ou leurs héritiers ne pouvaient supporter, surtout au terme de longs et coûteux procès de restitution.
En termes de gestion forestière, l'Etat communiste s’est avéré un aménagiste respectueux, considérant les forêts dans leur ensemble, créant de nombreuses infrastructures de qualité (routes empierrées, ponts, protections contre l’érosion, …..) visant à valoriser et protéger la ressource et ses accès. En tant que propriétaire unique, il a largement privilégié la conservation du capital, ne considérant pas la rentabilité économique au travers d’exploitations excessives, et n’autorisant que de rares coupes d’assainissement.
Les plans d’aménagement élaborés ensuite, très conservateurs, établis pour des périodes de dix ans, pouvaient être modifiés à l’initiative du propriétaire en concertation avec les experts de l’administration locale ou sa propre cellule d’aménagement afin de décider d’une gestion plus dynamique, plus performante, plus rentable.
Si l’exploitation forestière représente une activité importante au niveau national, dont la moitié du volume environ est absorbée par la transformation et la production locales, faute d’information et de formation, par manque de gestion rigoureuse, elle n’est pas suffisamment respectueuse de l’environnement exceptionnel dont bénéficie le pays : bien que la Roumanie ait alloué 30% de ses ressources à la protection du sol et de l’eau, 5% seulement de sa superficie totale étaient consacrés à la conservation de la biodiversité.
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